Guide du Recensement de la population, 2021
Chapitre 2 – Historique du recensement

Le Recensement de la population fournit à la population canadienne et aux décideurs des renseignements précieux depuis des centaines d’années. Le premier recensement a été effectué en Nouvelle-France par Jean Talon en 1666. Les résultats ont laissé voir une disparité démographique importante pour ce qui est du nombre d’hommes par rapport au nombre de femmes et ont fait ressortir la nécessité d’encourager les femmes à immigrer en Nouvelle-France.

La proclamation de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867 (maintenant connu sous le nom de Loi constitutionnelle de 1867) a donné lieu à l’exigence constitutionnelle de mener un recensement tous les 10 ans. Le recensement suivant, mené en 1871, a permis de déterminer la représentation appropriée au nouveau Parlement. Le recensement joue encore aujourd’hui ce rôle important en vertu de la Loi sur la représentation équitable.

Après 1867, la Loi constitutionnelle de 1907 et la Loi constitutionnelle de 1930 ont été adoptées afin de réglementer encore davantage certains transferts du gouvernement fédéral aux provinces des Prairies en fonction des chiffres de population tirés d’un recensement effectué tous les cinq ans.

Avec la croissance rapide du Canada après la Seconde Guerre mondiale et les importants mouvements de population entre les provinces et vers les régions urbaines, il est devenu nécessaire d’obtenir des renseignements plus fréquents sur la population. En 1956, le Bureau fédéral de la statistique (maintenant connu sous le nom de Statistique Canada) a mené le premier recensement quinquennal à l’échelle du pays.

Depuis 1971, la Loi sur la statistique oblige juridiquement Statistique Canada à réaliser le Recensement de la population (et le Recensement de l’agriculture) tous les cinq ans, au cours des années se terminant par le chiffre 1 et par le chiffre 6. La loi énonce en outre les exigences obligatoires concernant la réponse au questionnaire du recensement et son renvoi.

En 2017, des modifications à la Loi sur la statistique ont renforcé l’indépendance de Statistique Canada ainsi que son rôle en tant qu’organisme national de statistique. L’officialisation de l’indépendance de Statistique Canada a été une étape importante afin de s’assurer que les statistiques sont neutres, objectives, exactes et fiables. Pour qu’un organisme national de statistique assure la crédibilité de ses produits, ses statisticiens doivent travailler et être perçus comme travaillant avec un degré élevé d’indépendance professionnelle par rapport aux autorités extérieures. Les modifications apportées à la loi sont conformes aux principes de la Division de statistique des Nations Unies et à la Recommandation concernant les bonnes pratiques statistiques adoptée par l’Organisation de coopération et de développement économiques.

Vous trouverez ci-dessous une liste exhaustive des faits saillants et des changements apportés tout au long de l’histoire du recensement.

1666 — Le premier recensement canadien a été effectué en Nouvelle-France par l’intendant Jean Talon. Il a permis de dénombrer 3 215 habitants (à l’exclusion des Autochtones et des membres des troupes royales) et de recueillir des renseignements sur l’âge, le sexe, l’état matrimonial et le lieu de résidence, de même que sur les métiers et les professions de 763 personnes.

1666 à 1867 — De nombreux recensements sont menés à intervalles irréguliers dans les colonies françaises et britanniques qui allaient former le Canada.

1867 — La Loi constitutionnelle de 1867 (anciennement appelée l’Acte de l’Amérique du Nord britannique) exige la tenue d’un recensement tous les 10 ans (recensement décennal) afin de déterminer, au sein du nouveau Parlement, la représentation en fonction de la population.

1871 — Le premier recensement décennal est mené cette année-là. Il permet de dénombrer la population vivant dans les quatre provinces d’alors (Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Québec et Ontario). Le Manitoba et la Colombie-Britannique, qui avaient également joint la Confédération, sont dénombrés séparément.

C’est lors du Recensement de 1871 que la méthode de dénombrement de jure a été utilisée pour la première fois, plutôt que la méthode de facto utilisée en Europe à cette époque et encore aujourd’hui. La méthode de facto prévoit le dénombrement des personnes là où elles se trouvent le jour du recensement. Selon la méthode de jure, on dénombre plutôt les personnes en fonction de leur lieu habituel de résidence.

1881 — On demande à tous les agents recenseurs de prêter un serment de discrétion, que l’on exige encore aujourd’hui. Le recensement est élargi pour inclure la Colombie-Britannique, le Manitoba et l’Île-du-Prince-Édouard.

1891 — La population est préparée à la visite des agents recenseurs grâce à des annonces dans les journaux et en chaire.

1896 — Un recensement tous les cinq ans est tenu à partir de 1896 au Manitoba, et à partir de 1906 en Saskatchewan et en Alberta. Ces recensements étaient nécessaires pour mesurer la croissance rapide de l’Ouest.

1901 — Le contenu du recensement est élargi afin d’inclure la religion, le lieu de naissance, la citoyenneté et la période d’immigration.

1905 — Le bureau du recensement devient un bureau permanent du gouvernement fédéral.

1906 — À partir de 1906, les provinces des Prairies, c.-à-d. le Manitoba, l’Alberta et la Saskatchewan, commencent à mener un recensement distinct de la population et de l’agriculture tous les cinq ans, afin de mesurer la croissance de l’Ouest.

1912 — La responsabilité de mener un recensement passe du ministère de l’Agriculture à celui de l’Industrie et du Commerce.

1918 — Le Bureau fédéral de la statistique est créé.

1931 — Même si la compilation et les totalisations du Recensement de 1931 sont toujours effectuées au moyen d’équipement mécanique, une nouvelle trieuse-tabulatrice mise au point par un employé du Bureau fédéral de la statistique rend la production 50 fois plus rapide, en permettant la lecture d’une carte complète de données à la fois, plutôt que d’une colonne à la fois.

1941 — Des données-échantillons sont recueillies pour la première fois. On pose à 1 ménage sur 10 des questions supplémentaires sur leur logement (type, nombre de pièces, combustible utilisé pour cuisiner, etc.).

1951 — Pour le premier recensement des 10 provinces et des deux territoires du Canada, on a recours à la « lecture de marques ». Cette technologie permet la production de cartes perforées, ce qui réduit considérablement le temps et les coûts de traitement.

1956 — Un recensement quinquennal (tous les cinq ans) de la population et de l’agriculture est mené dans toutes les provinces du pays, en remplacement de ceux tenus dans les provinces des Prairies.

Le Recensement de 1956 comprend des questions sur les postes de radio, les télévisions couleur, les congélateurs et les résidences de vacances. Ces questions sont supprimées après le Recensement de 1966, parce qu’elles sont intégrées dans d’autres enquêtes auprès des ménages.

1971 — En vertu de la Loi sur la statistique de 1971, le Bureau fédéral de la statistique change de nom pour devenir Statistique Canada. Cette loi confirme également que le Recensement de la population et le Recensement de l’agriculture se tiendront tous les cinq ans.

En 1971, on fait appel pour la première fois à la méthode d’autodénombrement. Sauf pour les réserves et les régions éloignées, les questionnaires du recensement et les directives sur la façon de les remplir sont distribués dans les résidences privées, et on demande aux répondants de remplir leur propre questionnaire. Dans les centres de population de 10 000 habitants ou plus, on demande aux répondants de retourner leur questionnaire rempli par la poste, dans une enveloppe-réponse fournie. Dans d’autres régions, les questionnaires sont recueillis par des agents recenseurs.

1991 — Tous les répondants des régions d’autodénombrement (plus de 98 % de la population) doivent retourner leur questionnaire rempli par la poste. Le taux de retour s’élève à 85 %, ce qui signifie que plus de 27 millions de personnes sont dénombrées dans plus de 10 millions de ménages.

Des renseignements sur les partenaires en union libre sont recueillis pour la première fois.

2001 — Pour la première fois, des données sont recueillies sur les couples de même sexe.

2006 — Les questionnaires sont livrés par Postes Canada à environ 70 % des ménages. Les 30 % qui restent reçoivent le questionnaire d’un agent recenseur, comme lors des recensements précédents.

Pour la première fois, les Canadiens et Canadiennes peuvent répondre au questionnaire du recensement en ligne.

Pour la première fois aussi, on demande aux personnes si elles consentent à ce que leurs renseignements personnels soient rendus publics dans 92 ans, aux fins de recherche et de formation.

On demande également aux répondants s’ils autorisent Statistique Canada à avoir accès à leurs dossiers fiscaux. On veut ainsi alléger le fardeau de réponse.

La définition de conjoint est élargie afin d’inclure les couples mariés de même sexe.

2011 — En 2006, la réponse favorable à l’option de réponse en ligne (18,5 %) suscite un changement important à la méthodologie pour le Recensement de 2011. En mai, une lettre est expédiée à 60 % des logements canadiens. Elle remplace le questionnaire papier traditionnel et explique aux répondants la façon de remplir le questionnaire en ligne.

Environ 20 % des logements reçoivent une trousse de questionnaires par la poste. Pour les 20 % qui restent, les questionnaires sont distribués par des agents recenseurs.

L’information qui était auparavant fournie au moyen du questionnaire détaillé du recensement (à caractère obligatoire) est recueillie dans le cadre de la nouvelle Enquête nationale auprès des ménages, enquête à participation volontaire.

Le questionnaire du Recensement de la population de 2011 (questionnaire abrégé) comprend le même contenu que le questionnaire abrégé du Recensement de 2006, sauf pour l’ajout de deux questions sur la langue.

2016 — En novembre 2015, le gouvernement rétablit le questionnaire détaillé du recensement, en remplacement de l’Enquête nationale auprès des ménages. La plupart des ménages (75 %) reçoivent le questionnaire abrégé du recensement, et 1 ménage sur 4 (25 %), le questionnaire détaillé.

En remplacement des questions sur le revenu du questionnaire de l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 et des recensements précédents et afin de réduire le fardeau de réponse de la population, de gérer les coûts de collecte et d’obtenir des renseignements plus précis sur le revenu, Statistique Canada accède aux données sur le revenu tirées des dossiers de l’impôt sur le revenu des particuliers et des prestations. Statistique Canada a également recueilli, pour la première fois, des renseignements sur la catégorie d’admission et le type de demandeur à partir des dossiers administratifs fournis par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).

2021 — Pour la première fois, le recensement a permis de recueillir des renseignements sur l’instruction dans la langue officielle minoritaire. Le questionnaire du recensement comportait les questions suivantes : une nouvelle question sur l’expérience militaire canadienne; une question modifiée sur le sexe à la naissance et une nouvelle question sur le genre; une mise à jour des origines ethniques ou culturelles; de nouvelles questions sur le sous-emploi; une mise à jour de la terminologie liée aux peuples autochtones; de nouvelles questions sur l’appartenance à une organisation métisse ou à un établissement métis et sur l’inscription en vertu d’un accord sur les revendications territoriales des Inuits.

Afin de réduire le fardeau de réponse de la population, les données sur le revenu ont de nouveau été tirées des dossiers de l’impôt sur le revenu des particuliers et des prestations. Les dossiers d’IRCC ont également été utilisés de nouveau pour obtenir des renseignements sur la catégorie d’admission et le type de demandeur et, pour la première fois, déterminer le statut d’immigrant et l’année d’immigration.

Répercussions de la COVID-19 sur le Recensement de la population de 2021

Statistique Canada a aussi dû relever le défi sans précédent de mener le recensement pendant une pandémie mondiale. La COVID-19 est apparue au Canada au début de 2020, et la pandémie a obligé l’organisme à apporter des ajustements importants à ses activités de recensement. Les procédures de collecte, particulièrement celles employées dans les logements collectifs, les communautés des Premières Nations, les établissements métis, les régions inuites et d’autres régions éloignées, ont été revues pour veiller à ce que le recensement soit mené de la meilleure manière possible, selon une approche sûre et sécuritaire. Pour réduire au minimum les contacts entre les répondants et les employés du recensement, on a insisté plus que jamais sur l’importance de remplir le questionnaire du recensement en ligne, avec un objectif fixé à 80 %.

Étant donné que la COVID-19 a eu des répercussions sur plusieurs processus du Recensement de la population de 2021, celles-ci sont mentionnées tout au long du document. Les détails relatifs à une tâche donnée sont abordés dans le chapitre pertinent. Néanmoins, un résumé des répercussions sur la détermination du contenu, la qualité des données et la diffusion est présenté à l’annexe 1.4.

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